Connais toi toi même
« Connais- toi toi- même et tu connaitras l’univers et les dieux ! »
Peu importe l’origine de cette maxime. Pourquoi l’avoir réduite à « connais- toi toi- même » ?
Toujours cette volonté de couper le lien qui unit l’homme au sacré, toujours cette volonté arrogante, orgueilleuse et inintelligente de prévarication, toujours cette méchanceté, cette violence.
“Je t’avertis, qui que tu sois, O toi qui désires sonder les arcanes de la nature, que si tu ne trouves pas en toi-même ce que tu cherches, tu ne pourras pas non plus le trouver au-dehors! Si tu ignores l’excellence de ta propre maison, comment prétends-tu rencontrer d'autres excellences ? En toi, se trouve caché le trésor des trésors. Connais-toi toi-même et tu connaîtras l'univers et les dieux! ”. (Inscription sur le fronton du Temple d'Apollon sur le Mont Parnasse, Grèce; 2500 av. J.-C.).
Socrate concevait Dieu comme une Intelligence ordinatrice.
« Maintenant, crois-tu que tu sois un être pourvu de quelque intelligence et qu’ailleurs il n’y ait rien d’intelligent; et cela, quand tu sais que tu n’as dans ton corps qu’une parcelle de la vaste étendue de la terre, une goutte de la masse des eaux, et que sur l’immense quantité des éléments quelques faibles parties ont servi à organiser ton corps? Penses-tu que toi seul aurais eu le bonheur de ravir une intelligence qui, par suite, n’est nulle part ailleurs, et que ces êtres infinis, par rapport à toi, en nombre et en grandeur seraient maintenus en ordre par une force inintelligente? »
Xénophon, Mémorables, I, 4, 8
Nous devons connaitre notre vraie nature.
Pour y trouver quoi si je ne sais pas quoi chercher ou si personne ne m’en a jamais parlé ?
Romains
« 10:14 Comment donc invoqueront-ils celui en qui ils n'ont pas cru? Et comment croiront-ils en celui dont ils n'ont pas entendu parler? Et comment en entendront-ils parler, s'il n'y a personne qui prêche? »
Par quel moyen ? La Sagesse.
Que donne la Sagesse ? La connaissance et l’intelligence.
Qui donne l’intelligence ?
Qu’apporte l’intelligence ? L’entendement.
Qui donne l’entendement ?
Ceux qui nous ferons nous connaitre.
« Athéniens, je vous honore et je vous aime, mais j'obéirai plutôt au dieu qu'à vous; et tant que je respirerai et que j'aurai un peu de force, je ne cesserai de m'appliquer à la philosophie, de vous donner des avertissements et des conseils, et de tenir à tous ceux que je rencontrerai mon langage ordinaire : ô mon ami! comment, étant Athénien, de la plus grande ville et la plus renommée pour les lumières et la puissance, ne rougis-tu pas de ne penser qu'à amasser des richesses, à acquérir du crédit et des honneurs, sans t'occuper de la vérité et de la sagesse, de ton âme et de son perfectionnement? »
Platon, Apologie de Socrate, 29 d-e
Nous devons connaitre la vraie nature de notre âme, de notre Etre.
L’homme est son âme.
La maîtrise de soi pour Socrate consiste à l’autorité de l’âme sur le corps, de la raison sur les instincts, les émotions. Elle donne à l’homme sa liberté intérieure en le libérant de sa condition humaine, de ses besoins de premières nécessitées.
« Tu sembles, Antiphon, mettre le bonheur dans les délices et la magnificence ; pour moi, je crois que la divinité n’a besoin de rien ; que, moins on a de besoins, plus on se rapproche d’elle ; et, comme la divinité est la perfection même, ce qui se rapproche le plus de la divinité, se rapproche le plus de la perfection ».
Xénophon, Mémorables, I, 6, 10
Le chemin de la vertu est la science de l’âme qui parle du bien de l’âme, de l’harmonie, de l’Etre et non du bien être du corps terrestre. Socrate ne s’occupe pas de la nature de l’univers. Il s’occupe de la nature de la Vie. La vertu est connaissance.
Est- ce une science du bien et du mal ? Une morale réductrice ?
Elle ouvre dans l’humilité à la connaissance de « l’univers et des dieux. » par l’intermédiaire de l’âme dégagée du corps. Serait- elle devenue « autre chose » ? Ne se connait- on pas du fait même que nous connaissons « l’univers et les dieux » puisque ce sont les dieux qui nous ont reconnus ?
« Socrate est coupable de ne point reconnaître les dieux que reconnaît la cité et d’introduire des extravagances démoniaques : il est coupable de corrompre les jeunes gens »
Xénophon, Mémorables, I, 1, 1
Pourquoi ne pas croire Socrate quand il parle de la présence de quelque chose de divin intervenant en lui et qui l’aide dans son agir ?
« Mais peut-être paraîtra-t-il inconséquent que je me sois mêlé de donner à chacun de vous des avis en particulier, et que je n'aie jamais eu le courage de me trouver dans les assemblées du peuple, pour donner mes conseils à la république. Ce qui m'en a empêché, Athéniens, c'est ce je ne sais quoi de divin et de démoniaque, dont vous m'avez si souvent entendu parler, et dont Mélitus, pour plaisanter, a fait un chef d'accusation contre moi. Ce phénomène extraordinaire s'est manifesté en moi dès mon enfance; c'est une voix qui ne se fait entendre que pour me détourner de ce que j'ai résolu, car jamais elle ne m'exhorte à rien entreprendre: c'est elle qui s'est toujours opposée à moi, quand j'ai voulu me mêler des affaires de la république, et elle s'y est opposée fort à propos; car sachez bien qu'il y a longtemps que je ne serais plus en vie, si je m'étais mêlé des affaires publiques, et je n'aurais rien avancé ni pour vous, ni pour moi. »«
Platon, Apologie, 31 c-e
Un démon ou un Etre Supérieur comme guide était pour Socrate un privilège accordé par les Dieux, une voix, qui révèle sa croyance sans faille en la providence divine. Socrate est un homme de foi et non un intellectuel.
Le point de départ de la recherche de la véritable Sagesse pour Socrate est l’ignorance. Elle s’oppose à l’arrogance de certains qui pensent détenir le savoir. Pour Socrate, toute sagesse humaine la sienne comprise n’est rien comparée au savoir divin.
« Mais, Athéniens, la vérité est qu'Apollon seul est sage, et qu'il a voulu dire seulement, par son oracle, que toute la sagesse humaine n'est pas grand-chose, ou même qu'elle n'est rien; et il est évident que l'oracle ne parle pas ici de moi, mais qu'il s'est servi de mon nom comme d'un exemple, et comme s'il eût dit à tous les hommes : Le plus sage d'entre vous, c'est celui qui, comme Socrate, reconnaît que sa sagesse n'est rien. »
Platon, Apologie de Socrate, 23 a-b
Socrate développe-t-il la notion de concept ?
Certainement pas, il est dans la réalité de ce que l’on appelle la Vie qui ne connait pas la mort.
Il se situe dans une réalité physique qui dépasse l’entendement humain que l’humain nomme métaphysique. Est- il dans le domaine des pensées, des idées ? Il est dans la dimension de la Vie qui n’est pas de ce monde et qui s’exprime autrement.