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Des nombres
17 novembre 2015

Etes-vous encore libre?

Que dit-on au rite de stricte observance ?

« Par votre demande renouvelée, vous démontrez que telle est votre volonté d’être reçu.

Reconnaissez que le serment que vous allez prononcer sera de votre pleine volonté et sans contrainte.

Car bien que vos yeux soient bandés, nous vous reconnaissons comme entièrement libre.

Vous reconnaissez-vous comme tel ?

Je veux vous poser encore  une dernière question.

Votre réponse décidera de votre destin.

Vous n’y répondrez pas avant que ne vous en aurai donné l’ordre.

Quelques secondes de silence…..

 Etes- vous encore libre ? 

Quelques secondes de silence…..

  Voulez-vous êtes reçu ? 

 Répondez maintenant. »

En fait le profane ne répond pas à la question « Etes-vous encore libre ? ». Il ne répond qu’à celle « Voulez-vous être reçu ? ». C’est intriguant. De plus, qu’est ce qui nous permet de reconnaitre le profane comme entièrement libre ? Nous, nous le pouvons. Le profane ne le peut pas. C’est encore  intriguant.

En définitive, nous ne reconnaissons que la volonté exprimée du profane à vouloir être reçu. Le profane a pour nous l’apparence d’un être libre par ce qu’il veut. Cependant, le profane qui se croit libre n’est-il pas dans l’illusion, le mirage ? Sommes-nous vraiment libre ? Ne désirons-nous pas plutôt être libre, être libéré. A moins que la volonté soit la source de la liberté, qu’elle en soit l’expression, qu’elle existe par ce que je veux être libre, que je vais me libérer par moi – même. Cela suffit-il ? N’est ce pas un peu présomptueux, n’est ce pas oublier que nous ne maitrisons pas tous, que nous ne tenons pas compte de notre véritable nature ?

Je veux être libre, pourquoi ?

Sommes –nous des adeptes de Nietzsche pour qui l’expression spirituelle de la volonté de puissance tisse une étoffe entre la réalité de nos instincts et le référentiel mystifié de l’état des valeurs. Etre libre pour lui correspond à ceux qui veulent pleinement vivre leurs pulsions dans une fidélité sans retenue à la volonté de puissance, sans arrière pensée. C’est donc la morale des maîtres Cette morale produit un sentiment de supériorité vis à vis de ceux qui subissent la morale des esclaves. C ‘ est à dire vis à vis de ceux qui sont incapables de supporter les exigences de leurs pulsions. Ils ne sont pas libres. Ces derniers éprouvent un ressentiment haineux  tourné contre ce qui n’est pas soi. Ils constatent en eux une impuissance à vivre leurs pulsions et se tournent vers un ailleurs imaginaire qui affaiblit les valeurs de ce monde et qui pousse la volonté de puissance vers le néant : nihilisme. Pour Nietzsche, cet effondrement peut cependant avoir du bon. Il procure un désespoir pour ceux qui ont perdu leurs repères traditionnels et leurs croyances en ce qu‘ ils pouvaient structurer durablement leur monde : c’est la mort de dieu. Nietzche parle de la soi disant morale chrétienne. Le christianisme n’est pas une morale, n’est pas une philosophie. Il est un enseignement.  Nietzsche est dans l’avoir, la matérialité. Il  rejette totalement l’existence d’un Ordre Supérieur.

En fait, pour parler plus simplement, dans ce cas, être libre n’est-il pas le fait de vouloir laisser une liberté totale à l’ego, à l’instinct, à l’animalité qui est en nous, à l’individualisme forcené ? Et c’est ainsi que nous ne revendiquons plus que des droits, les devoirs étant liberticides. « Il est interdit d’interdire. »

« Si l’homme est créé libre, il doit se gouverner
Si l’homme a des tyrans, il les doit détrôner. » Voltaire

Et j’ajouterai, qu’il arrête de se plaindre et de pleurer sur son impuissance.

Comment puis-je m’élever spirituellement, en esprit dans de telles conditions ?

Pourquoi vais –je avoir des difficultés ?

Le livre d’Enoch :

« Eux(les hommes) ils ont été créés pour mourir. Voilà pourquoi je leur ai donné des femmes afin qu’ils cohabitent avec elles, qu’ils engendrent des enfants qui perpétuent leur race sur la terre. »

Genèse  

« 6 :3 Alors l’Eternel dit : Mon esprit ne restera pas à toujours dans l’homme, car l’homme n’est que chair, et ses jours seront de cent vingt ans. » 

Nous constatons bien une différence essentielle entre l’homme et l’Esprit. Ils ne sont pas de même nature. Seul l’Esprit vit. Pourtant il est en l’homme. En définitive c’est l’Esprit qui doit être libéré. C’est l’Esprit qui doit être libre. Il s’agit de l’acte de création de l’Eternel qui créé en libérant Ses « enfants » qu’Il a fait.

Que dit-on au rite écossais rectifié ?

 « L’homme a été créé libre ; c'est-à-dire avec la faculté d’agir selon sa pure et sainte volonté qui l’unissait à son créateur.

L’abus qu’il fit de sa liberté la lui fit perdre, car aussitôt il devint l’esclave de ses désirs déréglés, de ses penchants désordonnés, de ses passions, et de tous les vices qu’elles engendrent.

L’orgueil fut son crime, et il transmit avec sa seconde vie, périssable, à toute sa postérité…….

C’est cette dégradation de l’homme, ce sont l’abus de sa liberté, le châtiment qu’il en a reçu, l’esclavage dans lequel il est tombé et les suites funestes de son orgueil qui vous ont été représentés aujourd’hui dans le premier tableau, par le saccagement et la destruction du premier Temple de Jérusalem : image sensible de l’humiliante métamorphose qu’ils occasionnèrent dans la première forme corporelle de l’homme. »

Dans ce rituel nous parlons également de volonté. Abordons le sujet différemment. Est-ce l’homme qui de part sa propre volonté s’est uni au Créateur ? L’Eternel aurait donné à l’homme la volonté pour agir ? N’est ce pas excessif comme postulat ? Ou bien l’homme a été fait avec la possibilité de communication, avec cette potentialité. Dans ce cas l’orgueil a coupé la communication qui pouvait être établie. Quelle est l’économie de cette communication-non-communication ? Qui peut en couper l’accès ? Qui peut l’établir ?

L’Eternel car la puissance de l’Eternel est telle, puissance « qui n’est pas une légende » Le laisse toujours maître de Son entreprise. Il est à la fois transcendant car Il existe au-delà des formes qui le rendraient présent au monde et à la connaissance humaine et Il est immanent par son opération à l’intérieure d’un être qui n’est pas une action extérieure.

Qui intervient ? Ne serait-ce pas des Intelligences Supérieures, émanations premières de la création ?

Que nous dit Jésus ?

Jean 8, 31-42

« Jésus disait à ces Juifs qui maintenant croyaient en lui : « Si vous demeurez fidèles à ma parole, vous êtes vraiment mes disciples ; alors vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres. » Ils lui répliquèrent : « Nous sommes les descendants d’Abraham, et nous n’avons jamais été les esclaves de personne. Comment peux-tu dire : ’Vous deviendrez libres’ ? » Jésus leur répondit : « Amen, amen, je vous le dis : tout homme qui commet le péché est esclave du péché. L’esclave ne demeure pas pour toujours dans la maison ; le fils, lui, y demeure pour toujours. Donc, si c’est le Fils qui vous rend libres, vous serez vraiment libres.

Jésus nous rendra libre par la « parole de vérité » portée  par la lumière qui nous illuminera tous. Elle libérera notre Esprit.

Maintenant intéressons – nous à deux approches spirituelles particulières illustrées par celle des jansénistes et celle des jésuites.

Jansénius, théologien hollandais, évêque d’Ypres, professeur en 1602 à l’université de Louvain  s'est inspiré des convictions de Saint Augustin qui soutenait que nul ne peut être sauvé sans la grâce, grâce efficace qui est donnée ou refusée par Dieu.

Il va même au delà des principes de Saint Augustin.

Selon Jansénius, l'homme est attiré naturellement vers le mal, il cultive l'amour exclusif de soi et n'est tourné que vers la recherche du plaisir ou concupiscence.

Dans Les pensées, les trois concupiscences définies par Pascal sont :

-la concupiscence de la chair     : la volupté ;

-la concupiscence de l'esprit      : le savoir ;

-la concupiscence de la volonté : l'orgueil ;

à ces trois concupiscences correspondent trois libido :

-la libido sentiendi    : les désirs des sens ;

-la libido savendi      : le désir de savoir ;

-la libido dominandi : le désir de dominer.

Pour Jansénius, cette recherche du plaisir est la cause du malheur de l'homme. Mais Dieu a envoyé son fils pour racheter les justes, ceux qui reçoivent la grâce, la délectation victorieuse. Cette grâce détourne l'homme du mal et l'entraîne vers Dieu. Ainsi, l'homme est libéré de l'amour de soi (l'amour propre) et il accède au plaisir de la charité.

Mais pour autant, Dieu, qui n'accorde pas sa grâce à tous, peut aussi la retirer à tout moment et l'homme, privé de grâce, retourne au péché : ce fut le cas de saint Pierre quand il renia le Christ. Il faut donc vivre dans l'angoisse de n'être plus un élu.

En résumé :pour les jansénistes, tous les hommes reçoivent en naissant la grâce suffisante mais elle est inopérante s'ils n'obtiennent, selon le bon vouloir de Dieu, la grâce efficace, grâce qui n'est pas accordée à titre définitif.

Pour les jésuites on parle de «Jésuitisme» : expression qui évoque un système social, moral et religieux, que certains apparentent à l’astuce et l’hypocrisie. Il s’applique surtout à mettre la doctrine du libre arbitre au premier plan des choses de la vie. L’être humain possède la liberté contradictoire de choisir entre deux libertés opposées, le bien et le mal, faire ou ne pas faire.

Cette doctrine se voulait de combiner l’extase du surnaturel avec les facultés naturelles de l’homme pour l’amener à la perfection par ses propres moyens. La pratique de l’ascétisme conduisait à une vie austère, par le don de la vie à Dieu, l’esprit du sacrifice et de l’héroïsme. L’union avec Dieu dans l’extase mystique menait à une doctrine philosophique fondée sur l’instruction et non sur la raison.

Pour cela, Ignace de Loyola édifia son ordre sur un fond de connaissance des gens et des choses de la nature et avant d’effectuer des transformations qui s’imposaient, les jésuites étudiaient toutes les possibilités et le bien fondé des choses.

Dans leurs réflexions, ils faisaient référence à Platon qui voyait la liberté dans la raison, l’homme guidé par la raison était libre. Celui qui était dominé par ses instincts devait être considéré comme non libre.

La victoire de la raison sur les instincts était le seul moyen que possédait l’homme pour se libérer de son assujettissement. Comme Aristote, ils partageaient le désir de distinguer dans les actions humaines celles qui sont libres et celles dont on ne peut nier qu’elles sont déterminées avec résolution.

Le jésuite n’attendait pas la vision de Dieu, mais allait à Dieu par la mise en oeuvre de sa volonté et des bonnes manières. L’obéissance absolue semblait une sagacité qui faisait découvrir les ressources et les tendances de la nature humaine.
La conception des jésuites anéantissait les croyances qui avaient régné jusqu’ici. Certains allèrent jusqu’à dire que ruses et intrigues se dégageaient des principes directeurs des jésuites.

En résumé

Aperçu des différentes divisions théologiques

- pour le christianisme : le péché d'Adam a pour conséquence la damnation éternelle de l'humanité. Mais Dieu a eu pitié des hommes, il leur a envoyé son fils qui est mort sur la croix pour le rachat de leurs péchés : l’homme est donc sauvé par le baptême.


- pour Pélage (moine hérétique du Ve siècle) : le rachat de l'homme dépend de lui seul, il est maître de son destin : c'est le triomphe du libre arbitre.


- pour Saint Augustin (354-430) : nul ne peut être sauvé sans la grâce efficace donnée ou refusée par Dieu (prédestination ; absence de libre arbitre).


- pour Calvin, refus total de l'idée du libre arbitre : l'homme est perverti par le péché originel et il appartient à Dieu seul de le sauver s'il le veut.


- pour Molina ( jésuite et théologien espagnol, 1535-1600), l'homme reçoit en naissant une grâce suffisante qu'il dépend de lui seul de rendre efficace, condition sine qua non pour être sauvé. Chacun peut donc être sauvé : c'est l'accord entre du libre arbitre et de la grâce.


- pour Jansénius (théologien hollandais 1585-1638), pour être sauvé l'homme a besoin de la grâce efficace mais elle n'est accordée que selon le bon vouloir de Dieu : seuls quelques hommes (les élus) seront sauvés : le libre arbitre n'est pas en accord avec la grâce, il y a prédestination. C'est aussi le point de vue de Pascal : " Dieu a voulu racheter les hommes et ouvrir le salut à ceux qui le chercheraient, mais les hommes s'en rendent si indignes qu'il est juste que Dieu refuse à quelques-uns à cause de leur endurcissement ce qu'il accorde aux autres par une miséricorde qui ne leur est pas due."

Nous voyons bien que la liberté et le libre-arbitre ont toujours fait débat, débat qui par ailleurs est toujours d’actualité et qui le sera toujours tant qu’il y aura des hommes, qu’ils soient théologiens ou philosophes. Il a toujours été question du positionnement de l’homme par rapport à Dieu. L’homme se suffit à lui-même de sa propre volonté ou l’homme ne peut vivre seul sans accepter une volonté supérieure à la sienne.

Alors, nous qui ne sommes que des femmes et des hommes qui ne prétendons rien et qui n’aspirons qu’à cheminer paisiblement dans la douceur de l’Esprit, qu’en est-il ?

« Engageons-nous sur le chemin, travaillons, montrons notre sincérité, notre confiance et nous nous connaitrons par sa reconnaissance. Nous devons être une puissante intention » car la lumière porteuse de la Parole qui viendra, transmigrera et s’implantera en nous, dans  l’homme terrestre qui est psychique pour retourner dans les Cieux après reconnaissance et validation comme homme céleste. La communication sera établie. Personne de sa propre volonté, soi disant, ne pourra l’établir. L’homme ne pourra que la détériorer, détruire le Temple. Dans ce cas, comme le disent les Ecritures, un autre Temple sera construit, ailleurs sans les hommes.

Paul  1 Corinthiens 15,45-50 ; Romains 5, 12-17) 

«  Le premier homme, Adam, a été fait âme vivante ; le dernier Adam est un esprit qui donne la vie. Mais ce n’est pas le spirituel qui paraît d’abord ; c’est le psychique, puis le spirituel. Le premier homme, issu du sol, est terrestre ; le second homme, lui, vient du ciel. »

 

 

 

 

 

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