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Des nombres

Glissade

Glissade

Une créature, celle qui marche debout, scrute l’horizon sans fin de la steppe infinie. De ses mains libérées, l’homme fourrage une barbe naissante recouvrant une mandibule agile désengagée de son crâne.

Le scythe, attentif, patiente.

Au fond de son trou, sur le monticule, seul derrière le bouclier qu’une panthère parcourt, il se dissimule.

Des herbes folles se répandent jusqu’au sommet des collines qui limitent par la gauche, par la droite son champ de vision. Le vent, puissant, les culbute par vagues successives. Chaleur, un astre puissant régnant en maître sur un ciel bleu sans tristesse, trouble la vision. Le guerrier, redoutable, observe.

Havre de paix, un troupeau d’aurochs qu’aiguillonne une clameur se répand en éventail dans la plaine et se bloque rigide devant le festin qui l’attend. Pauvres plantes qu’un destin tragique menace ! Cisaillées, broyées, digérées, sera leur seul devenir.

Des mouches, compagnes nauséabondes se rafraîchissent à la sueur des bovins. Des oiseaux par myriade gomment à coup de bec le chatoiement coloré des insectes de la surface végétale. Tout devient terne, tout redevient aride.

Le soldat, alerté, épie.

Le bétail s’enfuit. Des matières, témoins de sa destruction, jonchent le sol. Les nuées charbonneuses affolées par la rumeur qui gonfle, excitent les muscles que stimule la dérobade. Carnage ! Désert ! Rien que désolation ! Brouhaha de la fuite qui s’estompe, confusion tumultueuse d’une convergence qui s’avance, écoulement, tout n’est qu’écoulement.

Des cavaliers, nombreux, traînant derrière eux des bataillons lourdement armés prennent pied soudain dans le découvert. Equipages de mort, ils avancent surs de leurs forces. Cliquetis des armes, jurons paillard des soudards, hennissement fébriles des montures, la colonne progresse. Assaut du soleil, reflets cristallins d’impuissance, harcèlement stérile, les mercenaires se pavanent dans les teintes agressives de leur fière apparence. La troupe bien engagée, étale dans la platitude sa présence.

Le guetteur situe la circonstance, en détermine l’importance. Il porte à ses lèvres une trompe, corne désorientée de ruminant pour produire par l’explosion de ses veines une vibration lourde qui s’écrase sur les reliefs peu élevés.

Des flèches par dizaines, par centaines, propulsées dans les cieux, essaims devenus plongent se planter dans la chair ruisselante. La cavalerie dévale les pentes, les chevaux à têtes de lion chargent, ceux qui les montent, cuirassés, couleur de feu, d’hyacinthe et de soufre tranchent les gorges vivantes. Carnage ! Désert ! Rien que désolations ! Silence du pourrissement, tout n’est que pourrissement. L’armée scythe se regroupe, se retire de ce champ de bataille. Des masses informes de corps enchevêtrés jonchent le sol.

Tout devient passé, tout redevient figé.

Mort, toi qui façonne la vie, d’instinct tu garantis le mouvement.

Lune ronde, sans tache, il la regarde. Du fond de son trou sur le monticule, elle le fascine. Pouvoir ondoyer sur la noirceur d’un jour qu’une nuit effacera, sans être corrompu, il l’envie, lui qui partage son gîte avec les rats. Boue consistante, souvenir d’une pluie récente, elle le fixe dans sa bauge, l’infiltre d’impuissance. Un casque d’acier protège la tête du soldat dissimulé derrière des sacs, faces à la plaine en contrebas que des contreforts limitent par la gauche, par  la droite. Topographie floue, il la devine plus qu’il ne l’observe.

Deux antennes métalliques dépassent de l’amoncellement. Ce trou n’est plus un trou, on ne perçoit plus son image, il a été enrôlé. Les yeux rivés aux viseurs du télémètre, il mesure sans cesse, il les attend. De la main droite il supprime le crachotement de la radio, de la main gauche il ajuste l’écouteur et le micro. Il mesure, il mesure. De sa précision naîtra leur affliction, il le sait bien. Il n’en a cure de leur souffrance lui qui ne sera jamais dans leur présent.

Cependant, il les voit ses batteries, biens alignées, calées sur leurs bêches, prêtes à bondir. Il les voit toutes les deux, les doigts pointés vers les cieux. Elles sont nettes, emplies de puissance, en elles résident son avenir, son non avenir. Il va le détruire ce présent. Le soldat ne désire aucune imbrication, aucune interférence étrangère. Que leur réalité soit morte, qu’elle soit vivante, quelle importance ? Elle est aussi morte que vivante, aussi vivante que morte. Qu’elle produise et non produise, mais ailleurs. Choc des opposés, il refuse cette stabilité. Il préfère l’éparpillement, au diable les concentrations.

Son cœur s’accélère, des turbulences envahissent son objectif, des corps indésirables pénètrent en force dans l’obscurité immobile. Ils sont là, ils avancent. Il donne l’alerte.

Le cerveau collé à l’appareil, il guette les impacts. Miaulement sournois dans

l’atmosphère, déchirures lumineuses, explosions en cascade, tout se morcelle, tout se réduit. Quel vacarme, quelle jouissance, quelle destruction, il exulte, prend le combiné, hurle les nouvelles coordonnées : première batterie coup long correct, plus prêt de cinq jusqu’à cent cinquante, deuxième batterie coup prêt correct, plus loin de cinq jusqu’à cinq cent. Il jardine, c’est cela il fait du jardinage, trace des sillons, peigne le terrain, il préserve son avenir en plantant des souvenirs.

Les officiers règlent le tir, les pièces se fracassent sur leurs reculs, les culasses

vomissent  leurs entrailles, dégueulent les étuis brûlants, ils ricochent cristallin sur l’acier, fumée noire odeur de poudre noire. Les pointeurs jonglent avec les rouges, avec les noirs. Les machines fonctionnent  à plein rendement, répétitives dans leur volonté d’anéantissement.

Avenir, avenir meurtrier, intuitif, il veut vivre sur ton cheval de couleur pâle. Libère le de ce passé, de ce présent, celui qui le monte se nomme la mort.

Fait-il jour ? Fait-il nuit ? Il ne sait pas. Au fond de son trou sur la colline qu’il ne sent pas, il fait face à la plaine en contre bas qu’il ne voit pas, que des contreforts délimitent par la gauche, par la droite.

A travers les écrans de la visière de son casque, un autre soleil éclaire sa réalité synthétique, simulation tridimensionnelle de sa véritable perception qu’il occulte. Il est un peu perdu ce soldat d’un autre temps. Il connaît son devoir, il connaît sa mission. Il va pulvériser cet instant qui lui est étranger, qui nie son passé, qui met son présent en danger, qui risque de dévoyer son avenir. Il va détruire de la matière, pour lui le temps n’est que matière. Comment pourrait-il en être autrement, lui qui ne se représente qu’une partie de la globalité diffractée.

Les écrans sont verts, d’un vert tristement vide, tristement aseptisé, tristement granuleux. Le soldat attend.

Haut perché aux frontières de l’espace ordinaire, un satellite, tributaire du temps, qui se moque de la pesanteur, stationnaire, observe la plaine et numérise sa conformité pour la propulser dans le cerveau de l’homme de servitude. Soudain, par endroit, le maillage irrégulier des écrans brille, inquiétant. Des tâches sombres, cellules connectives qui  ne peuvent pas mourir, apparaissent fugitives, hautaines dans leur froideur que des éjections tentent de réchauffer, de normaliser.

Le guetteur est en alerte.

Ils sont là, ils arrivent du fin fond de leur empire. Un aigle vole au milieu du ciel, il voit, il l’entend crier malheur, malheur. Les missiles s’envolent, ils portent la clef du puits de l’abîme. Ils vont briser, anéantir, détruire, soumettre. Non, ils ne soumettront personne, ils ne veulent rien récupérer. Place nette, ils vont faire place nette, donner un endroit, un espace, du temps pour que la diversité resplendisse, éclaire notre chemin dans toute son hégémonie, nous libère de tous les impérialismes sous-jacents Peu importe les vainqueurs, se seront toujours les plus forts dans ce monde. Si personne ne comprend, ne se surpasse, alors ! Continuez à jouer

Ne le voyez vous pas ? Regardez bien, il est là à côté de vous, à côté de moi. Regardez bien, ce cheval malade, efflanqué, d’une couleur pâle, il nous suit. Ne le plaignez pas, son cavalier en est fier. Quel étrange équipage, qu’attend-il ? Quelle sinistre compagnie ! Tant pis pour vous, vous l’avez tellement adoré, il arrive pour exaucer tous vos désirs, l’épée à la main pour libérer les bêtes sauvages qui nous dévorent, pour dévaster tous les semis de nos espoirs, flatter toutes nos perversions, toutes nos dépendances, nous asservir dans l’abolition de tous les interdits.

Tristesse

Des gouffres, noirs, petits, grands ouverts, étroits, à moitié fermés, ils s’agglutinent, ils nous suivent, ils nous envahissent. De ces orifices ne peuvent sourdre que du malaise, du mauvais, de l’obscur.  Mais que produisent- ils ? Sûrement pas du bonheur, de la félicité et encore moins de l’espoir. De plus en plus nombreux, ils s’entrechoquent. Certains disparaissent, d’autres les remplacent. Béants ils bougent, ils sont en mouvement. Que cherchent- ils ? Que veulent- ils ? Ils sont malsains. Les repousser, les détruire, ils doivent disparaître. Qu’ils nous laissent tranquille, qu’ils aillent ailleurs, ce n’est pas trop demandé. Je hais leur agitation. Je n’entends rien de leurs propos. Si seulement ils étaient compréhensibles, on saurait à quoi s’en tenir. Je  suis sourd ou quoi ? C’est incroyable. Attendez une rumeur m’entoure, totalement inintelligible, je vais me rapprocher. Des  cris, ces gouffres produisent des cris, stridents, horribles, sans avenir, sales, puants. Que cela cesse, je n’en peu plus. Mes neurones se déconnectent, je ne veux rien percevoir. Je vais les tuer, les écraser, les anéantir, les gommer de mon cerveau. Ils me gênent, me perturbent, ils ne m’intéressent pas. Je ne veux pas partager leur  turpitude. Je  suis différent. Ils troublent mon bien être. Que l’on fasse quelque chose, c’est insensé, mais que l’on fasse quelque chose. Ils se propagent dans les airs, couvrent la planète entière de leur présence. Ils gomment le bleu de mon ciel, les salauds. Il faut les parquer, les enterrer, les étouffer. Ce n’est pas de ma faute si tous ces cris se propagent. Je n’y suis pour rien. Ce sont eux les responsables.

S ‘ ils avaient fait ce qu’il fallait, ils n’en  seraient pas là à se plaindre, pleurer, crier, quémander, subir. Merde, ils auraient pu se battre, se défendre, s’adapter. Qu’ils crèvent, mais qu’ils crèvent tous pour que je retrouve ma quiétude, pour que nous retrouvions tous notre quiétude, pour que vous retrouviez tous votre quiétude.

Personne n’est coupable, personne n’aura de remords. Qu’ils soient gazés ! Ne vous en faite pas, nous le serons tous à nouveau. Un malaise m’étreint, mais pourquoi subitement je me sens mal dans ma peau. Je transpire toute ma haine, toute mon indifférence et dégueule un hurlement de compassion.    

 

De toi à moi

Il est entendu pour tous que la réalité se définit comme une virtualité ondulatoire

observée. Qu’elle belle conceptualisation ! Les scientifiques deviendraient ils

métaphysiciens? Pas du tout, ils restent encrés dans la matière, leurs

conceptualisations se résument en explications phénoménologiques. Leurs

démonstrations s’avèrent être plus importantes que leurs résultats, ils ne parviendront jamais au Résultat. Ils ne sont pas tenus de persuader le barbare, de convaincre, ce qui en fait en l’absence de tout débat des prêcheurs arrogants. Ils s’érigent en grands prêtres totalitaires de la connaissance, eux tutoient la complexification, conditionnement évolutif nécessairement expansif, plus grande de la matière. Refusezleur paternalisme, ne vous commettez plus en les côtoyant. Ils ne veulent pas notre félicité, ils en ont cure. Ils illuminent les chemins de l’obscurantisme, soit disant.

Qu’est ce que l’obscurantisme ?

Plus qu’un refus de la connaissance, c’est un état de peur panique face à la douleur, au désespoir, à la mort, à l ‘inconnu. La hantise d’apprendre que notre devenir final possible en charogne puante baignant dans le purin de notre déstabilisation pourrait être le seul, nous ronge le cerveau. Nous préférons l’occulter .L’obscurantisme, fuite illusoire devant un état immédiatement perceptible, ne nous libère pas. Il fait de nous des exclus, car pour se libérer on doit être et on n’est qu’à travers la connaissance, source de douleurs. L’obscurantisme, refuge actuel des déshérités du savoir qui ne peuvent du fait de leur perception insuffisante ou inadaptée du système établi y accéder devient aliénation inique car producteur d’enfants sauvages et sectaires. Sachez que toute  société  procure le grand sommeil. L’obscurantisme témoigne surtout d’un état primordial. Toute vérité emprisonnée  ne découle que de savoir incluant du non savoir pour alors s’imposer comme certitude. Etre totalitaire consiste à ne choisir qu’une seule de ces deux voies en rompant un équilibre ou une position

accréditée qui entraînera la succession d’équilibres successifs différents vers une

autre position figée ou nouvelle position d’équilibre.

Interrogation !

Comment nous est- il possible de porter des jugements moraux ? Il n’est pas plus injuste d’ôter la lucidité qu’il n’est juste d’œuvrer à son épanouissement, puisque lucidité et non lucidité concourent à ce que je nommerai la vie.

Existe t - il une chronologie d’états ? Doit- on être lucide pour devenir non lucide ou le contraire ? Portons nous les deux simultanément ?

Qu’est ce que la lucidité ?

Certainement une prise de conscience de sa propre représentation à travers une

structuration systématique stratifiée globalement dispensée. Ne dit on pas que

l’universel mène au particulier ! Liberté où es tu ? Comment se déstructurer, rester conscient et accéder à l’inhumain ? Peut- on se contenter d’être et de ne pas être ? De demeurer le suppôt de l’humanité ?

Pourquoi moi et pas toi ?

Va savoir ! Tout système établi ne gère que des applications compatibles avec lui et entre elles pour l’accomplissement de tâches biens précises ; sans plus. Par contre les applications de notre structure peuvent d’elles mêmes après des réorganisations internes de tout ordre modifier le système et découvrir des fonctionnalités potentiellement présentes. Plus étrange, la partie la plus infime est capable de polariser sur elle des éléments d’origines diverses et constituer par la même une application active au pouvoir de transformation et d’adaptation toujours latent. Evolution déterminée ! Moi je n’en ai pas pipé mot. La fonction, pas obligatoirement source évolutive dépend pour être réalisée d’une grande part d’actions modificatrices ou gestionnaires à différents niveaux (environnement, milieu interne). Pour schématiser, globalement la volonté de transformation agit en amont et en aval de notre lucidité. En amont tous les systèmes sont possibles, tandis qu’en aval le choix est fait. Pourquoi ? Qui ? Comment ? Dans quel but ? Que tenter ? Où sont les autres choix ?

Chaos je t’aime, ordre premier immoral. Les mots se déroulent entiers dans tous les sens, tu dévoiles ton principe. Seul, tu détruits les apparences, maître des irréalités, l’essence règne dans sa diversité. De la réalité tu nous rapproches. Je veux traverser ton tamis, me retrouver et m’évanouir. Abîme, ma seule destination ! Tuons le temps ordre dernier. Je suis sale de tes pensées, tes parfums dégagent toutes mes puanteurs. Je vivrai à travers ta mort  Je m’enlise dans ton ignominie aseptisée. Humanité je te méprise, individu je t’aime de toute mon amitié. Je tombe, personne ne me retient.

N’y aurait- il plus un seul homme capable de se lever. L’épopée cette inconnue n’a pas encore choisi son messager. Peu importe qu’elle prenne le premier venu.

Des nombres
  • Ce blog propose une interprétation des nombres figurant dans l'Ancien et le Nouveau Testament. Les nombres développent une métaphore qui donne une représentation mentale d'un processus qui dépasse l'entendement.
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