Où avez-vous travaillé?
Les francs-maçons chrétiens des loges de Saint Jean seraient- ils dans un temps semblable à celui de la résurrection, de l’élévation de Jésus quand Il se montre je dirai en Esprit à ses disciples, dans un « espace sacré » hors du temps et de l’espace ordinaire ?
Il me semble que les loges qui n’ont pas le Livre de la Parole ouvert au Prologue de Saint Jean, qui rejettent comme des forcenés son enseignement ou le détourne et par voie de conséquence Jésus, ne peuvent pas en toute logique et honnêteté revendiquer l’appellation de loge de Saint Jean.
Le christianisme parle de l’accomplissement de l’Etre ou de l’image donnée.
La franc- maçonnerie chrétienne (rite de Stricte Observance) pour ceux qui se considèrent comme chrétien est dans cette perspective, autrement ce n’est qu’une navigation entre je dirai « un ésotérisme de pacotille », un occultisme et souvent un pseudo message à dimension sociale.
« Où avez vous travaillé ?
Au temple de Salomon »
Lors de ma réception au grade d’apprenti, le tapis de loge m’était présenté
comme l’effigie du temple de Salomon. Pour y parvenir, il fallait monter sept marches. Mes connaissances s’accroissant pas à pas, lentement je me rapprocherai de la lumière. Cependant je devrai avant tout m’exercer, m’épurer, m’affermir sous la conduite de mon Maître en tant que franc – maçon reconnu pour tel par mes frères et sœurs et compagnons dans une juste et parfaite loge.
Avant de poursuivre, quelques précisions. La suite de ma planche s’attachera
Plus à vous entretenir de mes préoccupations actuelles, à savoir de l’élévation, du rôle de l’amour, de sa signification, de la compréhension du message transmis par jésus, être spirituel accompli. Pour se faire je me place délibérément à l’intérieur du temple. Mon monde est comme une succession d’images, de formes qui se superposent, s’enchaînent. Je suis devant un décor qui défile. Sous ce décor, j’entends des vibrations, j’imagine des surfaces. Ces formes n ‘en sont que l’expression. Une transmutation alchimique se produit, la
Surface devient forme. Alors ces sept marches, que sont -elles ? Elles sont sept notes de musique qui une fois jouées me délivrent un message, une parole. J’ai cherché et j’ai trouvé ce qui me contentait le plus : « heureux celui qui lit et ceux qui entendent. ». Se sont les sept béatitudes contenues dans l’apocalypse de Jean (chapitre 2 verset 3, 14-13,16-15, 19-9,20-6,22-7,22-14)
Le mot hébreu que l'on traduit par « heureux » a une signification plus ancienne que celle actuelle, elle est celle de « marcher » ou de « s'avancer ». Ainsi les Béatitudes s'adressent aux personnes qui veulent marcher dans la voie ouverte par la Bonne Nouvelle, par la Lumière accordée, par l’Esprit donné, par la miséricorde consentie qui vivent des situations ou ont des comportements en rapport avec une rencontre avec l’amour de Celui qui est qui permet l’épanouissement. Heureux ceux et celles qui veulent marcher droit sur les chemins de Celui qui est en compagnie de Jésus.
Dans le langage hébraïque et l’utilisation qu’en fait la Bible, nous découvrons que le mot « pauvre », même sans les mots « en esprit », signifie « être humble » de cœur ou « être doux » de caractère.
Apocalypse « 2:3 que tu as de la persévérance, que tu as souffert à cause de mon nom, et que tu ne t'es point lassé. Ou Heureux celui qui a de la persévérance, qui a souffert à cause de mon nom et qui ne s’est point lassé.
14:13 Et j'entendis du ciel une voix qui disait: Ecris: Heureux dès à présent les morts qui meurent dans le Seigneur! Oui, dit l'Esprit, afin qu'ils se reposent de leurs travaux, car leurs œuvres les suivent.
16:15 Voici, je viens comme un voleur. Heureux celui qui veille, et qui garde ses vêtements, afin qu'il ne marche pas nu et qu'on ne voie pas sa honte!
19:9 Et l'ange me dit: Ecris: Heureux ceux qui sont appelés au festin de noces de l'agneau! Et il me dit: Ces paroles sont les véritables paroles de Dieu.
20:6 Heureux et saints ceux qui ont part à la première résurrection! La seconde mort n'a point de pouvoir sur eux; mais ils seront sacrificateurs de Dieu et de Christ, et ils régneront avec lui pendant mille ans.
22:7 Et voici, je viens bientôt. Heureux celui qui garde les paroles de la prophétie de ce livre!
dont la dernière la plus significative me dit :
« Heureux ceux qui lavent leurs robes, afin d’avoir droit à l’arbre de vie, et d’entrer par les portes dans la ville » chapitre 22 verset 14.
C’est pour nous une invitation d’une manière pressante à nous examiner et à
nous demander sincèrement si nous entendons et prenons à cœur les leçons du livre. Ma robe lavée, j’emprunte le chemin indiqué par le pavé mosaïque qui me montre tel que je suis, comment s’organise le monde, chemin qui doit me mener aux portes de la ville, dans le temple.
Qui suis-je ? Un compagnon et je le revendique. N’est ce pas arrogance ? je
préfère quant à moi me voir comme un apprenti ayant gravi sept marches au sommet desquelles me réceptionnent mes maîtres, mon vénérable. L’emblème du compagnon est l’équerre. Compagnon ne signifie – t – il pas pour certains : « celui qui manie le compas » ?
Aurai – je dépassé le stade de l’équerre et acquis la maîtrise du trait ? Je ne le pense pas. Je préfère être celui qui partage le même pain avec toutes mes sœurs et tous mes frères. Je suis donc un compagnon. Je travaille au temple de Salomon. Je ne me contente plus d’en admirer la structure. Quel est donc ce temple ? Est-il fait de blocs de pierre ? Où se trouve son plan de construction, son architecte, son maître d’œuvre ? Qui inspecte les travaux ? Qui valide le
travail effectué ? Je ne vois rien. Où est Salomon ? Serai ce mon vénérable maître ? Ce temple se construirait - il en dehors de la loge ? Etrange je n’ai aperçu aucun grand chantier. La réponse m’est donnée. « Je me suis réuni et élevé en compagnie de mes sœurs et de mes frères dans une loge bien dirigée, bien éclairée et par son nombre parfait où je peux régulièrement travailler. La loge est le chantier. Je suis une pierre. Je dois m’élever pour l’incorporer dans
L’édifice en construction que mes prédécesseurs avaient débuté, que mes successeurs continueront. Le temple sera le chef d ‘ œuvre de l ‘ humanité qui à son crépuscule l’aura élevé à la gloire de « celui qui est » dans le respect de sa parole et qui se reconnaîtra en lui. Le temple n’est pas matière, seulement utilisée et consumée. Il se construit par l ’ esprit en dehors du temps et de l’espace ordinaire que mon rituel contribuera à révéler et à mettre en pleine lumière par son caractère initiatique. Le temple n’annonce pas une nouvelle religion. Il n’est qu’un retour au Père. Cette pierre intérieure, une partie et le temple dans sa totalité doit être dégagé de mon propre être éphémère qui par transmutation s ‘ accordera avec l’être spirituel, son centre. Les êtres spirituels doivent être tous libérer, emprunter comme passage le monde intermédiaire qui est le mien. Toujours ouvert, le gué doit être praticable par tous les temps, voilà mon travail !
Parvenu à ce stade de ma planche, je citerais « Bernard, l’abbé de Clervaux » qui dans son sermon sur l ‘ascension disait :
« Tant que nos cœurs sont encore divisés et qu’on est dans l’entre deux, il reste en nous bien des sinuosités, nous ne possédons pas la cohérence parfaite. C’est donc les uns après les autres et, en quelque sorte membre après membre, que nous devons nous élever jusqu’à ce que l’union soit faite en cette Jérusalem d’en haut dont la solidité vient de ce que tous y participent à l’être même de Dieu… ; »
Au fond, Bernard de Clairvaux nous invite à un retournement vers l’homme
Intérieur sur lequel nous devons travailler. Pour lui l’absence de cohérence ne serait - elle pas l’expression d’une opposition manichéenne classique entre l’esprit et la matière, la lumière et la ténèbres, le terrestre et le sacré. En ce sens deux chemins devraient exister dans sa conception, celui de la matière, du déclin et celui de la lumière qui par une progression régulière mène à la béatitude.
Quant à moi, je ne suis pas aussi absolu dans mon dualisme. La progression ne peut être liée qu’au déclin. Déclin et progression mènent à la béatitude. Certes, ils ne sont pas de même nature, mais il existe une inter action nécessaire. Celui qui provoque son déclin permet la progression de l’être. Il a compris qu’à la fois il est et il n’est pas. A la manière du compagnon tailleur de pierre qui grave sa propre marque sur son travail achevé, celui qui aura provoqué son déclin sera marqué par l ‘ esprit comme étant un ami de celui qui est et dans la fusion avec l’être communiera en une union parfaite avec lui.
Je suis l’expression d’une surface, circulaire, perdue, qui veut se recomposer.
Je ne la vois pas. Elle est en moi. Je suis une forme, debout, au milieu de constructions géométriques. Je dois me centrer à la verticale sur elle, avec le fil à plomb, avec l’équerre. Je dois provoquer mon déclin, détruire toutes ces constructions pour qu’il ne reste plus qu‘elle et moi. Etre centré, stable et vertical, position favorable, comme une flèche pointée dans une direction, semblable à un vecteur orienté, je m ’ élèverai. Ordonner et harmoniser le chaos des passions, ramener à un seul feu leurs énergies, les sublimer. « Le dragon est la force du chaos ; maîtrisé, il devient le tigre que chevauche le sage ». Il faut sublimer le mental, l’affectif et même le corps pour qu’eux même soient convertis en Lumière. La mortification, la mort à soi-même, est la pierre ferme sur laquelle doit s’édifier la vie spirituelle. « Nous devons aussi noircir avant de blanchir sans quoi nous ne produisons que des avortons. » Toute ouverture spirituelle provoquée prématurément amène une irruption brutale de la Lumière dans un milieu non purifié et une dissociation mortelle entre la nature inférieure et l’esprit.
Le temple, d’un regard profane, ne serait-il pas celui de l’humanité dont les
pierres seraient les hommes unis par le ciment de l’amour. Ce travail nous demande de poursuivre notre effort en dehors de la loge. Cette tentative de perfectionnement, imparfaite, fera que le temple restera dans un état inachevé. Nous poursuivons une utopie : l’humanisme, seule utopie existante, mais qu’elle est belle.
Aimer les hommes, l’humanité, le doute s’installe souvent en moi. Comment
peut on vouloir le bien, l’harmonie pour des hommes qui s’exterminent, s’exploitent, détruisent leur environnement, violent leurs enfants, tuent leurs parents, adorent de faux dieux, tout ceci au nom de leur ego. Comment le peut - on ? Dirions-nous comme le légat Arnaud Amaury au moment de l’immonde sac de Béziers en juillet 1209 répondant à la question : comment discerner dans la foule des vaincus les bons et les méchants, tuez-les tous dieu reconnaîtra les siens. Et bien non, ce dieu n’est pas le mien. Celui qui est ne reconnaît pas les siens dans les fosses communes. Il n’est pas homicide. Il n’est pas satan. Il les reconnaît chez les vivants. La mort ouvre une porte.
Jésus dit : « Je suis la porte. Si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé ; il entrera et il sortira, et il trouvera des pâturages. » Evangile de Jean – chapitre 10 – verset 9 – Le bon berger.
Le dieu d’Arnaud Amaury, faux dieu, maîtrise la vie de ce monde par ce qu’il
donne la mort, le pourrissement comme la seule fin en soi. Son église n’est que « la synagogue de l’Antéchrist » Extrait des articles 5-6-7 Règles des Frères Elus.
Quant à moi je dirai plutôt : « Celui qui aime sa vie la perdra, et celui qui hait sa vie dans ce monde la conservera pour la vie éternelle. » Evangile de Jean- Chapitre 12 – verset 25 – Jésus parle de sa mort prochaine.
Se détacher de ce monde n’est pas indifférence. Nous prenons conscience de
notre liberté à être soi même ou pas, à faire un choix en toute lucidité, à nous engager pleinement en toute sincérité, en toute fidélité. La sagesse est de savoir se mettre à la disposition du sacré et se taire.
Alors pourquoi aimer, malgré tout cette humanité à nouveau en pleine confusion, confusion qui me remplit d’une grande tristesse. Il me plait à penser que cette fois l’architecte de cette grande confusion ne pourra pas se cacher et s’humilier pour se faire pardonner. Il a été trop loin, et en toute connaissance de cause, dans sa soumission volontaire ou pas à l’adversaire, par orgueil, par vanité.
Et bien je l’aime par ce que c’est le dernier commandement de Jésus :
Evangile de Jean – Chapitre 13- verset 34-35
« Je vous donne un commandement nouveau : Aimez - vous les uns les autres, comme je vous ai aimé, vous aussi, aimez-vous les uns les autres. A ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres. »
Ces paroles rejoignent également ce que disait l’Eternel dans le Lévitique chapitre 19 verset 18 :
« Tu aimeras ton prochain comme toi - même », c’est à dire tu ne l’aimeras ni plus ni moins que toi- même. »
Je ne peux m’empêcher de faire allusion à la gifle sur la joue droite, tu tends la joue gauche.
Que peuvent signifier tous ces commandements ? Ils nous demandent uniquement lorsque l’on est victime de violences ou de haine de ne pas répondre par la haine en retour. La haine ne doit avoir aucune réciprocité lorsqu’elle nous touche. Cependant il n’est pas interdit de se défendre. Nous ne devons pas être à l’origine de violences collectives donnant la possibilité à l’adversaire de nous désigner et de nous faire sacrifier de fausses victimes comme l’a été Jésus mort sur la croix et ainsi de renforcer son pouvoir sur les hommes par l’intermédiaire de princes et de rois qui nous éloigneront du chemin de la vérité.
« Celui qui dit qu’il est dans la lumière, et qui hait son frère, est encore dans les ténèbres. Celui qui aime son frère demeure dans la lumière, et aucune occasion de chute n’est en lui. Mais celui qui hait son frère est dans les ténèbres, il marche dans les ténèbres, et il ne sait pas où il va, par ce que les ténèbres ont aveuglé ses yeux. » 1er Epître de Jean chapitre 2 verset 9-10
N’est-ce pas là une bonne raison d’aimer l’humanité ?
Plus encore, pour moi, l’amour fraternel permet à l’innocence de l’agneau
D ‘ irradier joie, force, sérénité, amour et consolation aux esprits en transfert prisonnier de la solitude. Ils ne sont pas de ce monde et de ce fait sont hais. L’humanité serait - elle un instrument au service du divin ? Une pensée se fait jour dans mon esprit. La rédemption n’est – elle vraiment adressée qu’à nous ?
Je terminerai cette partie de mon développement par une pensée une fois de
plus de Bernard de Clairvaux qu’il a exprimée lors de son 26éme sermon sur le Cantique des Cantiques véritable hymne à l’amour :
« Nous sommes ainsi comme des guerriers sous la tente, cherchant à conquérir le ciel par la violence et l’existence de l’homme sur la terre est celle d’un soldat. Tant que nous poursuivrons ce combat dans nos corps actuels, nous resterons loin du Seigneur, c’est à dire loin de la lumière, car dieu est lumière. »
Se détacher du monde n’est pas oubli de l’autre, bien au contraire. Notre amour
de l’humanité nous amènera tout naturellement sur le chemin de la lumière qui elle-même éclaire les hommes de sa toute-puissance.
A ce stade de ma planche des questions n’arrêtent pas de tarauder mon esprit.
Est-ce que mes croyances particulières ne m’entraînent pas sur le chemin de l’intolérance ? Celui qui croît en un dieu unique et en l’immortalité de l’âme à cause d’autres principes de sa foi n’est-il pas lui aussi autant sur le chemin de la vérité que moi qui pense m’y trouver ? N’existe – t –il pas une vérité primordiale qui sous - tende toutes nos croyances ? A la manière du physicien David BOHM qui affirme qu’il existe un ordre implicite caché dans les
profondeurs du réel, je pense comme lui le pense que l’univers tout entier est comme rempli d’intelligence et d’intention. Ne dois-je pas accomplir ce qui est bien tout simplement en vertu d’un amour du devoir ? Ne dois-je pas me contenter de croire en un seul dieu et de mener une vie morale et vertueuse ? Est- ce que mes actes suffiront à étouffer l’éloquence de tous les discours ? Dois-je me montrer tout simplement aux autres et leurs dire que c’est un devoir de tous nous aimer et de prouver que l’on en est capable ? Ai-je le droit de juger, de
condamner et de punir quelqu’un pour ses croyances ? Je ne le pense pas car lui aussi sera en mesure de le faire. Vouloir chercher à tout prix le bien de l’humanité n’est il pas une façon inconsciente de chercher le sien personnellement ? Chercher la lumière n’est il pas une façon de nier notre animalité ? A cette question je répondrai qu’effectivement je veux m’élever au-dessus de l’animal pour devenir humain et au-dessus de l’humain pour m’échapper définitivement de la matière. Est-ce que la matière est notre réalité ? Je ne sais plus. En physique quantique il est dit que le monde atomique n’a aucune existence définie tant que nous n’avons pas braqué sur lui un instrument de mesure. En fait ce qui compte c’est le jeu de conscience à conscience. Les mathématiciens ont une expression pour illustrer cet état : « le quantificateur existentiel. ». Lorsque nous observons une fleur, par exemple, sans le savoir nous l’observons au niveau de l’atome et sa réalité profonde et son existence sont intimement liées à la façon dont nous l’observons. Comme Niels BOHR, lorsque quelqu’un venait lui exposer une idée nouvelle susceptible de résoudre l’une des énigmes de la théorie quantique je dirai : « Votre théorie est folle, mais elle ne l’est pas assez pour être vraie. »
Notons par ailleurs qu’après la mort du fondateur de leur Ordre, ce à compter
du 13éme siècle, les moines cisterciens transgressent peu à peu leurs règles en pensant qu’ils pouvaient eux seuls être sauvés, éteignant ainsi le feu du règne de l’Esprit que Bernard de Clairvaux avait allumé. Certains historiens pensent qu ‘ à partir de cette époque les manteaux blancs des chevaliers du temple commencèrent à « se noircir ». Je ne le pense pas.
Les chevaliers du temple ont été rejetés du monde comme le christ l’a été. Il est faux de croire que les Pauvres chevaliers du christ aient failli à leur engagement. Toujours et jusqu’à leur fin ils sont restés au coté des pauvres en matière et en esprit en leur apportant toute l’aide dont ils étaient capables. Certains historiens pour valider ce fait déclarent qu’il suffit de consulter leurs livres comptables, force est de constater en employant un langage actuel qu’ils avaient prévu et approvisionné une ligne budgétaire à cet effet. En ce sens ils étaient bien du monde et en avaient perfectionné le système, peut être trop bien. Ils le savaient bien que couper des êtres de chair du monde instinctif primitif favorisait la prise de conscience et l’élévation. Et ils le savaient bien aussi que :
« Vous qui êtes les Temples de Dieu, construits sur les fondements de la sagesse et de la Sainteté antique, sachez que Dieu ne fait point de différence entre les personnes : chrétiens, sarrasins, juifs, grecs, romains, francs ou bulgares, par ce que tout homme qui prie Dieu est sauvé. » Article 5 de la Règle des Frères Consolés
Même durant leur tentative d’extermination orchestrée par Philippe le Bel,
Guillaume de Nogaret et Clément V ils sont restés fidèles à leur devise :
« Non pas à nous, Seigneurs ! Non pas à nous, mais à ton nom donne la gloire. »
Comme Bossuet le disait : « Ils avouèrent dans les tortures ; ils nièrent dans les supplices et à l’heure de la mort. »
Celui qui est ne peut accepter les totalitarismes spirituels. La diversité est son
royaume, la fraternité son moteur. Il n’a pas de nom par ce qu’il les porte tous. Et le péché, pour moi, se trouve là. Vous ne croyez pas en Jésus, certes simple homme mais dont l’être spirituel a totalement envahit l’enveloppe charnelle, annoncé depuis l’origine du monde, tant pis pour vous car il nous montre le chemin du Père. Il faut lui en rendre justice. Le jugement est rendu. L’accusateur est jugé, tant pis pour lui.
Cet amour, ciment de liaison entre le moi dégagé de son ego, de la forme à son
tour sublimé et converti en lumière, véritable rectification alchimique, et l’être spirituel mis à jour, scelle un accord. Cette pierre, qu’une force transportera, n’espère plus qu’à se joindre à l’édifice en construction hors du temps et de l’espace ordinaire.
Pour en terminer j’emprunterai une nouvelle fois un commentaire de Bernard
De Clairvaux développé lors d’un de ses nombreux sermons (LXXIII) sur le Cantique des Cantiques :
« Christ commence par nous faire respirer dans la lumière de son inspiration, afin qu’à notre tour nous soyons en lui un jour qui respire. Car par son opération, l’homme intérieur en nous se rénove de jour en jour, et se refaçonne en esprit à l’image de son créateur : il devient un jour né du jour, une lumière issue de la lumière…Il reste à attendre un troisième jour, celui qui nous aspirera dans la gloire de la résurrection. »
Dois-je considérer Bernard de Clairvaux comme un bâtisseur, un constructeur ?
Peut être. Mais je le perçois plus dans le rôle d’un initiateur, d’un artisan d’une projection, d’une élévation.
Alors quel peut être le message de Jésus ? Ne nous invite t il pas à imiter son
propre désir à vouloir s’élever, retourner au Père, devenir son image. Il ne s’agit pas d’un désir source de violences conflictuelles ; mais d’un élan ayant pour but l’élévation pour ressembler à celui qui est. Bien entendu ce n’est que mon interprétation. D’un conflit Jésus en a été victime en devenant la pierre rejetée. Expulsé et par un renversement ultérieur il est devenu la clef de voûte de tout l’édifice. Il a su montrer que l’origine fut homicide par le meurtre fondateur du fait de satan semeur de scandale. En nous montrant la vraie nature de Satan dont il a subi les effets, en nous le montrant du doigt, il affirme sa divinité. Ainsi peut-on interpréter sa parole : « Père, pourquoi m’as-tu abandonné ? », non pas en un reproche fait à son Père pour l’avoir laissé aux mains de la vindicte populaire, mais plutôt comme une demande faisant suite à une incompréhension de sa part. Pourquoi as-tu fait que ton message, ta parole n’aient pas été compris, accepté.
De quoi s’agit-il, si ce n’est que de tolérance, de respect de l’autre. De quelle
Force s’agit-il, si ce n’est que de la foi en un dieu, en l’humanité dégagée de sa violence, en un amour fédérateur. Incrédules, vous ne le voyiez pas, lui si. Malgré vous il vous reconnaîtra car vous aurez suivi ses commandements, vous aurez servi ses desseins.
Pour clore cette planche, une chanson de Georges BRASSENS sautille dans
ma pensée. Elle parle d’un petit cheval.
« Le petit cheval dans le mauvais temps qu’il avait donc du courage, le petit cheval dans le mauvais temps qu’il avait donc du courage, nous derrière et lui devant. »
Ce petit cheval préfigure pour moi notre Ordre qui se renforcera et éclairera par
sa présence la parole enfouie, oubliée. Ce cheval deviendra assez fort je l’espère pour que nous puissions le monter et pourquoi pas deux à deux.