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Des nombres
16 septembre 2020

Trois voyages

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« Celui qui rougit de la religion, de la vertu, et de ses Frères, est indigne de l’estime et de l’amitié des maçons. »

Dans un premier temps nous allons replacer dans sa chronologie et dans le contexte du rituel cette seconde maxime de l’apprenti pour ensuite l’étudier plus particulièrement.

Le rituel nous indique que « les trois voyages figurent les trois états du candidat. Au premier, il est Cherchant. Au second, il est Persévérant. Au troisième, il est Souffrant. Ils se font autour des Frères qui forment la loge, passant derrière le trône d’orient et derrière les places des Surveillants. »

Premier Voyage

Introducteur : Le Feu consume la corruption ; mais il dévore l’être corrompu.

bruit du tonnerre. Lorsque le bruit a cessé le Vénérable Maître donne au candidat cette première maxime:

Vénérable Maître : L’homme est l’image immortelle de Dieu, mais qui pourra la reconnaître, s’il la défigure lui-même ?

Second Voyage

 Introducteur :C’est par la dissolution des choses impures que l’eau lave et purifie ; mais elle recèle leurs influences funestes, et les principes de la putréfaction.

Le Frère préposé imite une seconde fois le bruit du tonnerre, et le Vénérable Maître donne au candidat la seconde maxime :

Vénérable Maître : Celui qui rougit de la religion, de la vertu, et de ses Frères, est indigne de l’estime et de l’amitié des maçons.

2nd Survt : Vénérable Maître, le persévérant a fait le second voyage, et a passé avec beaucoup de peine par l’élément de l’eau dans la région du nord ; cependant, il n’a pas atteint le but de ses recherches.

Vénérable Maître : Comment pourrait-il l’atteindre, s’il est effrayé des peines qu’il doit souffrir ?

Troisième Voyage

Introducteur : Le grain mis dans la terre y reçoit la vie ; mais si son germe est altéré, la terre même en accélère la putréfaction.

Le tonnerre roule pour la troisième et dernière fois, et le Vénérable Maître donne au candidat la troisième maxime :

Vénérable Maître : Le maçon dont le cœur ne s’ouvre point au besoin et aux malheurs des autres hommes, est un monstre dans la société des Frères.

Sans être un grand annaliste, nous remarquons que se développe sous nos yeux une succession de processus ou modes opératoires qui donnent lieu à des états différents, processus qui requièrent des éléments à chaque fois appropriés.

Au cherchant, 1er voyage, est associé le feu, au persévérant, 2ème voyage, l’eau et au souffrant, 3ème voyage, la terre.

Cette recherche amène la Découverte ; Découverte qui, dégagée de l‘enveloppe putrescible, corruptible, se doit de demeurer inaltérée.

Utilisons l’eau pour ôter les impuretés. Sera-t-elle polluée ou pas ? Les dissoudra - t-elle ? Existe – t il encore des risques d’altération ?  

Apocalypse de Jean : « 22 :1 Et il me montra un fleuve d'eau de la vie, limpide comme du cristal, qui sortait du trône de Dieu et de l'agneau. »

Et enfin plantons cette graine pour qu’elle grandisse et se développe dans un milieu favorable.

Beaucoup d’inconnues, d’interrogations sont posées. Un travail important nous attend.  Le résultat n’est pas acquis d’avance. Le vent souffle où il veut.

Existe – t – il un fil conducteur, une méthode particulière à appliquer, un enseignement à exploiter ? Que cherchons - nous ? Retrouver notre vraie nature ?

Jean 1 :9 « Cette lumière était la véritable lumière, qui, en venant dans le monde, éclaire tout homme »

Chaque maxime délivrée par le Vénérable Maître est précédée d’un coup de tonnerre. Pourquoi ?

Hasardons – nous à une réponse. Le Vénérable Maître est le trait d’union entre la Lumière et les frères surveillants qui, comme la lune réfléchit la lumière du soleil, la réfléchissent sur les frères et sœurs installés sur les colonnes.

Le tonnerre est l’attribut du divin. J’en veux pour exemple un verset de l’Apocalypse de Jean : « 11 :19 Et le temple de Dieu dans le ciel fut ouvert, et l'arche de son alliance apparut dans son temple. Et il y eut des éclairs, des voix, des tonnerres, un tremblement de terre, et une forte grêle »

Dieu parle à travers le Vénérable pour guider ses enfants jusqu’à lui. Des analogies climatiques sont utilisées. Les catéchismes de la Stricte Observance font de même. Le Vénérable, semblable à un ecclésiaste, célèbre un culte, un rite universel qui parfois le dépasse. Son impureté, son incompréhension ou son manque de foi n’entrave en rien la transmission. Il est un support, la puissance de Celui qui Est se révèle sans commune mesure. Cette initiation maçonnique, cet enseignement, chrétien par nécessité conduit « au Père par le Christ »

N’est-elle pas là, l’église de Jean, intemporelle, Hébreux : 9 :24 « Car Christ n'est pas entré dans un sanctuaire fait de main d'homme, en imitation du véritable, mais il est entré dans le ciel même, afin de comparaître maintenant pour nous devant la face de Dieu. »

La quête est individuelle, Matthieu 6 :6 « Mais quand tu pries, entre dans ta chambre, ferme ta porte, et prie ton Père qui est là dans le lieu secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra. »

Evangile de Jean 14 :2 « Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père. Si cela n'était pas, je vous l'aurais dit. Je vais vous préparer une place »

Pour quoi voulez – vous que cela signifie que les demeures correspondent à différents courants ou églises qui, en se réunissant créent un mouvement œcuménique que la « tunique sans couture du christ » absorbe.  Jean parle de l’Un dans le Tout et réciproquement. Une place va nous être préparée.

« Aimer le Seigneur, mon Dieu, de tout mon cœur, de toute mon âme, de toute ma pensée, et de toute ma force », l’aimer en esprit et vérité et aimer mon prochain comme moi – même, voilà pour moi les piliers de la nouvelle église que Jésus n’a eu cesse de nous indiquer.

Revenons à présent à cette deuxième maxime, objet de mon travail :

« Celui qui rougit de la religion, de la vertu, et de ses Frères, est indigne de l’estime et de l’amitié des maçons. »

Comment pourrions – nous l’écrire autrement ?

La personne qui a honte d’être chrétien, qui a honte d’appartenir à Christ, qui a honte de sa recherche de pureté, de divin, qui a honte de ses semblables, de ses prochains, ne mérite aucun égard, aucune affection de la part de ses compagnons, vrais constructeurs. Il ne peut aller plus loin sous peine de devenir de la paille à brûler.

C’est dur. Mais son tourment serait grand s’il restait. Aussi pouvons – nous lui dire, en toute amitié : une autre fois, peut-être. Affermis – toi et reviens quand un élan indicible te poussera.           

L’état de chrétien a toujours été difficile à supporter, à endosser quelle  qu ‘ en soit l’époque. Le chrétien a pour maître, pour docteur  Christ qui lui enseigne une théorie, lui apprend à la  connaître en vue d’une application ultérieure rigoureuse, scientifique. A qui s’adresse cet enseignement ? A celui qui ne rougit pas de la religion, à celui dont le corps offert par le baptême d’eau  héberge une âme tombée des limbes que  christ est venue libérer en esprit par le baptême de feu. De quels moyens dispose le chrétien ?

Ephésiens « 6:11 Revêtez-vous de toutes les armes de Dieu, afin de pouvoir tenir ferme contre les ruses du diable.6:12 Car nous n'avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les dominations, contre les autorités, contre les princes de ce monde de ténèbres, contre les esprits méchants dans les lieux célestes.6:13 C'est pourquoi, prenez toutes les armes de Dieu, afin de pouvoir résister dans le mauvais jour, et tenir ferme après avoir tout surmonté.6:14 Tenez donc ferme: ayez à vos reins la vérité  pour ceinture; revêtez la cuirasse de la justice;6:15 mettez pour chaussure à vos pieds le zèle que donne l'Evangile de paix;6:16 prenez par-dessus tout cela le bouclier de la foi, avec lequel vous pourrez éteindre tous les traits enflammés du malin;6:17 prenez aussi le casque du salut, et l'épée de l'Esprit, qui est la parole de Dieu. »

Le chrétien reste libre de penser et de prier dans la puissance de Celui qui Est. Le chrétien prie où il veut, comme il veut. Personne ne lui ôtera sa liberté de conscience. Son combat se déroule ailleurs. Le royaume de Dieu n’est pas de ce monde.

L’homme a – t – il vraiment été créé à l’image et à la ressemblance de  Dieu ? A -t- il chuté, perdu la ressemblance en en gardant une partie ombrée ? Lui est-il possible  de la restaurer, de la ramener vers son origine par un travail initiatique ? Qui peut bien être cet homme ? A mon avis, certainement pas celui de chair, il n’est qu’un support, un vecteur d’apprentissage indispensable. Cette âme, éveillée, purifiée, retournerait – elle dans un état  glorieux proche de Dieu, vers son créateur comme fils de la lumière accompli, fils prodigue ? Alors dans ce cas, nous pouvons proférer que cet Homme a vraiment été créé à l’image de  Dieu.

Jean1:12 « Mais à tous ceux qui l'ont reçue, à ceux qui croient en son nom, elle a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, lesquels sont nés,

1:13 non du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l'homme, mais de Dieu. »

Jésus crée le mouvement. Rejoignons Jacques, personnage important de l’église primitive. Il a dirigé la première communauté chrétienne de Jérusalem. Retournons à la source, à l’origine, retrouvons le  dans ce mouvement qu’il avait appelé « Mouvement de Jésus », la religion, le lien direct, l’initiation chrétienne.

Jésus le dit dans l'Évangile selon Thomas: « Les disciples dirent à Jésus : nous savons que tu nous quitteras ; qui se fera grand sur nous ? Jésus leur dit : Au point où vous en serez, vous irez vers Jacques le Juste : Ce qui concerne le ciel et la terre lui revient »

Ainsi, nous avons la connaissance, la théorie. A présent, mettons là  en pratique, engageons –  nous sur le chemin de la Vertu en allant de la Foi à l’Amour. La connaissance n’est pas de s’approcher du soleil. Elle ne crée que des chimères.

Quelques petits rappels chrétiens :

Vertus théologales, les plus parfaites  car divines:

Foi – Espérance – Amour 1 Corinthiens 13,13

Vertus cardinales  ramènent à Dieu par leur pratique:

Tempérance – Force – Prudence – Justice

 Les 7 dons du saint Esprit,  obtenus par la pratique des vertus :

La sagesse- L’intelligence – Le conseil – La force –

La science – La piété – La crainte de Dieu

Classifications et obligations nombreuses sont souvent sources de découragement et d’abandon, en voici quelques exemples établis au cours des siècles : 

Les 12 fruits du saint Esprit - Les 7 œuvres de miséricorde corporelle -  Les 7 œuvres de miséricorde spirituelle - Les 8 béatitudes - Les 7 péchés   capitaux et vertus contraires -  Les 9 façons d’être associé aux péchés des autres -  Les 6 péchés contre le saint – Esprit  - Les  trois devoirs nobles –

Les trois éléments du vrai repentir - Les 4 fins dernières –

Les 10 commandements sont hors catégorie.

Ainsi que les 7 paroles du Christ sur la croix que je rappellerai :

-         « Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font.

-         Aujourd’hui même tu seras avec moi dans le paradis.

-         Femme, voici ton fils ; fils, voici ta mère.

-         Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?

        J'ai soif.

-         Tout est consommé.

-         Père, entre tes mains je remets mon esprit. »

Toutes ces classifications et obligations ont pour but d’instruire, de diriger et d’organiser le travail du cherchant. Louable effort !  Enumérons les, catégorie par catégorie, et nous constaterons qu’elles restent pour la plu part à la surface, à l’extérieur. S’améliorer, certes, mais dans un seul but que l’on a parfois sciemment passé sous silence : celui de se rendre à l’intérieur, seul, sans intermédiaire auto -proclamé, se retourner, pour découvrir et s’en aller si Dieu le veut.

Pratiquer la vertu, c’est apprendre à marcher à l’équerre. La quadrature du cercle et la Jérusalem céleste dessinent les carrés parfaits à imiter. Acquérir la qualité pour répondre à l’appel de Celui qui Est permet - il le transfert ?

Quelle qualité acquérir, si ce n’est celle de devenir un enfant de Dieu.

Ephésiens 1 :4 « En lui Dieu nous a élus avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints et irrépréhensibles devant lui,

1 :5 nous ayant prédestinés dans son amour à être ses enfants d'adoption par Jésus-Christ, selon le bon plaisir de sa volonté,

1 :6 à la louange de la gloire de sa grâce qu'il nous a accordée en son bien-aimé »

« 1 :7 En lui nous avons la rédemption par son sang, la rémission des péchés, selon la richesse de sa grâce,

1 :8 que Dieu a répandue abondamment sur nous par toute espèce de sagesse et d'intelligence,

1 :9 nous faisant connaître le mystère de sa volonté, selon le bienveillant dessein qu'il avait formé en lui-même,

1 :10 pour le mettre à exécution lorsque les temps seraient accomplis, de réunir toutes choses en Christ, celles qui sont dans les cieux et celles qui sont sur la terre. »

Le processus décrit consiste, aux temps accomplis, de rassembler ce qui est épars, c’est à dire ce qui se trouve dans les limbes comme ce qui se trouve incarné, sous la direction du Christ, pour être mis dans la présence immédiate de Dieu. Chaque élu aura bien entendu enduré les étapes de la purification.

Rappelons-nous :

Vénérable Maître : Comment pourrait-il l’atteindre, s’il est effrayé des peines qu’il doit souffrir ?

De l’état de croyant, nous endossons celui de novice, de disciple. Grâce à notre Maître, notre Enseigneur nous nous livrerons avec persévérance, humilité et sincérité à une quête mystique. Grâce au Christ nous allons tuer le vieil homme, faire silence en se connaissant, je dirai « je-même » identifier la tension principale majeure, néfaste qui mobilise notre mental, freine notre progrès spirituel et nous nous y opposerons en permanence, sans relâche pour la réduire, la détruire afin de faire place à l’âme que l’Esprit pourra rencontrer.

En dernier lieu, comment voulez-vous que celui qui a également honte de ses Frères puisse en espérer l’amitié. Il contrevient au deuxième commandement d’aimer son prochain comme soi-même. C’est lui qui rejette, nie le lien d’amour qui existe entre tous les constructeurs. Chacun est maître de son salut ou de sa perdition, ultime liberté.

 Le christianisme n’est pas une philosophie du bien être. Il est venu corriger les errances des initiations antérieures. Bien entendu, ce n’est que mon opinion.  Existe-t-il différents états de l’être ? Je ne sais pas. Correspondent-ils à des positionnements différents dans notre progression ? Sûrement.  Mais, ce qu’il y a de plus important, c’est que lorsque le vieil homme disparaît, l’enfant apparaît. Beaucoup pense être dans le monde des fées et des magiciens. Pourtant rien n’est plus réel que l’au de là. La seule question à se poser ne serait – elle pas : que suis –je, moi qui crois être ? Et, bien rien quand on reste dans la vanité.

Que doit construire le chrétien ? Un temple, certes, mais un cloître intérieur hors du temps et de l’espace ordinaire, dans le silence, n’est-il pas mieux ? Obéissance aux règles de la vertu, pauvreté dans l’humilité et chasteté émotionnelle ne sont-elles pas des clefs, les Clefs.

J’aimerai terminer cette planche par une ancienne prière découverte aux cours de mes travaux.

« Chevaliers de toutes les errances,

Venez sous les bannières de tous vos ordres recomposer vos compagnies,

Contre l’esprit malin croisez le fer,

Libérez l’Esprit Saint de ses fers, pour que lui, mon guide me mène jusqu’à toi mon sauveur, mon maître. »

 

Gloire soit rendue à son Nom !

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